Comme ils le font depuis plusieurs années dans diverses régions du Québec et des Maritimes, des membres de l’Alliance interprovinciale se sont rassemblés mercredi 18 décembre devant les bureaux de Service Canada à Forestville afin d’y déposer un arbre de Noël décoré de trous noirs. Le but : dénoncer les problèmes qui persistent à l’assurance-emploi.
Par cette action, l’Alliance Interprovinciale – organisme formée de chômeurs de l’industrie saisonnière, de groupes communautaires et de syndicats de l’Est du Canada – tenait à rappeler au gouvernement que si rien n’est fait, de nombreux travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière seront à nouveau affectés par le trou noir de l’assurance-emploi en 2025. Il s’agit de cette période pouvant s’étirer jusqu’à 18 semaines sans que les chômeurs ne touchent la moindre prestation!
Ça suffit les « nananes »!
« La réforme du régime d’assurance-emploi, promise depuis des années, se fait toujours attendre dit Line Sirois, directrice d’Action-Chômage Côte-Nord. Nos espoirs reposent présentement sur l’arrivée en poste de la ministre responsable de ce programme, Mme Ginette Petitpas-Taylor. Étant elle-même originaire des Maritimes, on peut espérer qu’elle saura comprendre les difficultés auxquelles font face les travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière dans sa circonscription et ailleurs au pays. On peut souhaiter qu’au lieu de nous proposer des « nananes », comme le fait M. Trudeau avec ses « cadeaux » de congés de TPS ou ses chèques de 250 $, elle saura venir en aide à ceux qui croupissent au fond du trou noir. Nous n’avons pas besoin de mesures électoralistes temporaires destinées à gagner les faveurs de ceux qui ont le moyen de se payer les articles détaxés. Ce qu’il nous faut, ce sont des mesures concrètes et efficaces destinées à favoriser le mieux-être de travailleurs qui en ont vraiment besoin! »
Un régime à l’envers
Les membres de l’Alliance Interprovinciale ont aussi exprimé leur raz-le-bol et leur exaspération face aux aberrations structurelles du régime d’assurance-emploi. Selon eux, en refusant d’agir, le gouvernement plombe l’industrie saisonnière, dévitalise les régions et officialise l’injustice faite aux travailleurs et travailleuses des secteurs concernés. Alors que sur la Côte-Nord du Québec, à Saint-John et à Moncton, il faut 700 heures de travail pour se qualifier à l’assurance-emploi, il en faut 595 en Gaspésie, 665 à Charlottetown, mais seulement 595 à Toronto! Où est la logique? Le régime fonctionne à l’envers! Tout le monde réalise qu’il est plus facile de se trouver un emploi dans une grande ville que dans une région où plusieurs employeurs ferment leurs établissements dès l’automne. Il est donc insensé d’avoir à travailler plus d’heures à Forestville qu’à Toronto, pour se qualifier. Ou bien le gouvernement ne parvient pas à comprendre une telle évidence, ou bien il se moque des problèmes des travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière.
Des solutions concrètes
Les solutions pour permettre aux travailleurs et aux travailleuses de traverser les périodes sans emploi en toute dignité sont connues, rappellent les représentants des groupes sociaux et des syndicats membres de l’Alliance Interprovinciale. Selon eux, le gouvernement possède tous les outils pour améliorer l’accessibilité au régime. Il faut éliminer le calcul qui établit le montant des prestations selon le taux de chômage d’une région quelconque. Ce calcul doit être remplacé par l’adoption d’une norme universelle de 420 heures de travail ou 12 semaines de 15 heures. De plus, le taux de prestation devrait être de 70 % sur les 12 meilleures semaines, pour une durée de 35 semaines. Ils demandent également une protection supplémentaire de 15 semaines aux travailleurs de l’industrie saisonnière, tant et aussi longtemps que le plancher minimum de 35 semaines ne sera pas établi.
Un constat d’échec
Le régime de l’assurance-emploi dans sa forme actuelle est un échec! Il faut mettre fin au dysfonctionnement de ce programme et lui permettre de remplir son rôle de filet social! Il faut cesser d’accroître les disparités régionales et de stigmatiser les chômeurs en accumulant les complexités administratives. Il faut mettre en place des solutions réalistes et permanentes afin de permettre aux travailleurs et travailleuses de l’industrie saisonnière de VIVRE DANS LA DIGNITÉ!
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